Depuis la sortie de « La Loi de Murphy », son premier single, en 2017, Angèle est devenue une des artistes les plus populaires du paysage musical, adulée par son public (quelques 700 000 exemplaires vendus de Brol et quatre Bercy déjà complets), et reconnue par les médias comme Télérama. Tous ont en commun d’être séduits par le naturel avec lequel Adèle aborde les thèmes des règles douloureuses, du genre, ou de la société de consommation. Le tout en souriant, et sur une petite pop synthétique qui met en transe des foules à la taille de plus en plus impressionnantes.

Dans la famille « artistes », Roméo Elvis est le fils du chanteur Marka et de la comédienne Laurence Bibot, et le frère d’Angèle, avec laquelle il a enregistré  « Tout Oublier ». Avec un patronyme qui aurait dû le destiner à jouer dans un groupe de rock, c’est le rap qui est devenu  son mode d’expression. Après quelques EP, il a sorti son premier album, Morale en 2017. Succès. En 2019 il a sorti chocolat (énorme succès) avec, sur le titre « Perdu », la participation de Damon Albarn (Blur, Gorillas) connu pour son (bon) goût du hors piste musical. Une référence donc.

À 70 ans, le Higelin d’outre Quiévrain qui fut le chanteur du groupe TC Matic avant de se lancer en solo, a chanté Brel, Ferré, Abba, les Rolling Stones, Serge Gainsbourg ou encore Adamo. Sur scène, sa silhouette déglinguée, et ses prestations faites d’approximations et de grands moments de poésie, donnent tout son relief à son univers qu’il définit lui même comme : « Un grand bordel, un bazar. Mais c'est la vie qui est un bordel ».

Philippe Katerine est un artiste hors norme qui a remis le sous pull en nylon, la banane, la moustache, et la natation synchronisée pour homme à la mode. Son statut d’artiste loufoque mais populaire (« Louxor j’adore ») lui permet d’être invité sur le canapé de Michel Drucker aux côtés de Dany Boon, et en couverture de la presse culturelle avec un album sur la pochette duquel il figure avec un sexe à la place du nez (photo Théo Mercier). Sur ses Confessions Katerine s’entoure d’Angèle, Gérard Depardieu, Lomepal, Léa Seydoux, Oxmo Puccino, Camille, Dominique A, pour repousser, avec une fausse innocence, mais une vraie légèreté, l’art de l’absurde comme les dadaïstes avaient osé le faire un siècle plus tôt.

Brigitte Fontaine est la plus punk des chanteuses françaises (« Je suis vieille et je vous encule avec mon look de libellule »), icône de la chanson à la fois déjantée et d’une grande poésie.  Depuis les années quatre- vingt dix et son retour aux devants de la scène avec « Y'a des zazous »(2001), et « Le Nougat » (2004), elle a multiplié les collaborations musicales avec Bashung, Daho, Les Valentins, Sonic Youth, Archie Shepp, -M-, Gotan Project, Katerine, l’Art Ensemble of Chicago, Miossec, Albin de la Simone… Sur Terre Neuve elle reprend des textes de ses complices des années soixante Areski et Higelin, qu’elle récite sur des musiques de Jean Lamoot et Yan Péchin qui furent les complices d’Alain Bashung.

Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, Bertrand Belin fait partie de cette famille recomposée de la chanson dans laquelle on retrouve, librement associés, Bashung, Richard Hawley (le cousin anglais), Rodolphe Burger, ou encore Albin de la Simone. Il écrit aussi. Il a publié Grands Carnivores, son troisième roman chez P.O.L.

« Post-scriptum, c’est le démarrage d’une autre vie. C’est le début de ma vie avec Lou… de mon union avec Jacques Doillon… Kate qui était enfant dans le premier tome est maintenant teenager, Charlotte a neuf ans… C’est une autre ouverture, une autre balade, plus curieuse des autres, découvrant une trajectoire, des concerts, des tournées, des pièces de théâtre, voyageant, parfois m’attachant à des personnes qui n’étaient pas seulement mes parents, ma sœur Linda, mon frère Andrew, les enfants… Mais l’amour est toujours l’amour, peut-être même qu’il y en avait un autre dans cette vie vieillissante, dans mon cas solitaire, accompagnée par mes amis… Il me semble que j’ai plutôt navigué dans un optimisme absolument infondé. J’ai cessé d’écrire ce journal à Besançon le 11/12/13… en apprenant la mort de Kate…»

L’idée est tellement évidente qu’elle en est presque géniale. S’intéresser à Gainsbourg en s’intéressant à son œuvre, à la façon dont il l’a façonnée chanson après chanson. Sébastien Merlet s’est lancé dans un travail titanesque, une analyse détaillée de chaque morceau. Pour ça il a rencontré les arrangeurs, musiciens, techniciens avec lesquels Gainsbourg a travaillé, épluché les feuilles des séances d’enregistrement. Il est allé  jusqu’à reproduire les bulletins de déclaration des chansons à la SACEM. L’iconographie est à la hauteur du projet  avec des photos inédites, et toutes les pochettes de tous les disques de tous les interprètes. Une somme à la hauteur de talent de l’Homme à tête de chou.

Stan Cuesta a construit ce livre consacré à Catherine Ringer en dix chapitres, comme autant de morceaux d’un album. De l'underground des débuts à la déferlante Rita Mitsouko, Stan Cuesta retrace le parcours de cette diva des temps modernes que sa voix, sa personnalité et ses compositions font planer bien au-dessus de tous les clivages musicaux. Marc Lavoine, avec qui Catherine Ringer enregistra « Qu'est-ce que t'es belle », disait récemment des Rita Mitsouko : « Personne n’avait jamais fait cette musique avant eux, et personne le l’a refaite depuis. »

Son père, Philippe Delerm, écrit des romans (La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules 1997). Vincent Delerm, lui, écrit des chansons qu’il interprète (panorama 2019) depuis une vingtaine d’année, et qui l’ont installé au firmament de la popularité. Le père et le fils ont en commun de tirer du quotidien un univers fait de ces petits moments positifs et intimistes que tout un chacun a connu un jour. C’est cette même veine qu’explore Vincent Delerm dans Je ne sais pas si c’est tout le monde, un documentaire dans lequel il filme Alain Souchon, Jean Rochefort, Vincent Dedienne, des enfants, des anonymes, qui tous racontent un petit moment de leur enfance ou d’intimité.

Malgré cinquante ans de carrière, Alain Souchon reste une des figures de la « nouvelle chanson française » apparue au milieu des années soixante-dix. En 1983, alors que « J’ai dix ans », « Bidon » ou « Allô maman bobo »… sont entrés dans tous les foyers français, c’est dans L’été meurtrier aux côtés d’Isabelle Adjiani (une jeune femme en quête de vengeance vient semer le trouble dans un village de l'arrière-pays provençal…) que Souchon devient aussi une vedette de cinéma. Mais la chanson reste la plus forte.