« C’est un de mes premiers amours cinématographiques. C’est l’histoire d’un goéland à qui on a appris toute sa vie qu’il devait voler en-dessous des nuages. Mais lui veut faire comme les grands oiseaux qui volent vers le ciel. C'est très icarien. Mais en se sublimant et en volant au-delà des interdits, sa famille le déconsidère et le rejette. Ça veut dire que parfois, quand on essaie d’aller trop haut ou trop loin, on peut être abandonné dans cette quête du dépassement de soi. Si tu ne nous ressembles plus, tu n'appartiens plus à notre communauté. C’est un film qui parle de nos phobies dans son terme premier. C’est cet oiseau qui m’a soufflé à l’oreille que j’étais capable de tout si je m’en donnais le courage, mais que tout ça a un prix. » 

« C’est une musique que j’écoute plusieurs fois par an. C’est d’ailleurs pour écouter ce disque vinyle que j’ai acheté une platine disque il y a une dizaine d’années. Je pourrais l’avoir en CD, l’écouter en MP3, mais ça ne m’intéresse pas. Ce que je veux c’est le son que j’entendais quand j’étais enfant, y compris le bruit du diamant sur le disque. J’écoute aussi souvent la musique de La Trace, le film de Bertrand Favre, une musique dont je pense que j’ai la seule copie encore en circulation ! »

« La musique est tout pour moi. Je viens d’une famille où la musique était essentielle, et j’en écoute absolument tout le temps. Sauf quand j'écris. Je me souviens des crises de nerf de ma sœur quand je squattais sa chambre pour écouter ses disques de Kate Bush, dont Never For Ever avec “Army Dreamer”, ou l’album Genesis de Genesis avec “Mama”. “Maman, Olivier il est encore dans ma chambre !” »

« Ferré, ça me rappelle ces longs trajets en voiture dans la Super 5 de ma mère, et qu’on écoutait des chants de marin parce dont mon père en était fan, mais aussi Léo, sauf “Avec le temps” qui, immanquablement, faisait pleurer ma mère, et qu’on risquait alors l’accident de voiture. »

« C’est l’histoire d’un professeur de fac qui prépare son déménagement avec l’aide de huit de ses collègues. On réalise alors que dans son salon il y a l’aréopage de toutes les connaissances du monde. Il y a un théologien, un prof de physique, un prof de chimie, un prof d’histoire, de français… Alors, le prof sur le départ va peu à peu leur confesser qu’il est sur cette terre depuis l’origine du monde, et demander aux autres profs de lui prouver le contraire. Va alors s’engager une discussion philosophique totalement hallucinante, tellement puissante qu’à la fin on est essoufflé, comme si on venait de voir un film d’action. Ce n’est ni prétentieux ni intello, mais tout simplement bluffant. »

« Pierre Soulages a passé une grande partie de sa vie d’artiste à travailler sur l’outre noir, un peu comme si un musicien avait un jour décidé de ne s’intéresser qu’au do dièse. Pourtant, quand on regarde le travail de Soulage au musée qui lui est dédié à Rodez, ou ses vitraux sans couleur de l'abbatiale de Conques, dans ce noir et cette transparence, on trouve du bleu, du violet, toutes les irisations du pétrole. C’est ça que j’aime. Est-ce que je n’aime que les choses dans leur simplicité absolue ? Non, je suis plus complexe que ça. Comme la plupart des gens sur cette planète. »

« J’adore Mucha. Je l’aime pour ses publicités pour les biscuits LU, pour son musée à Prague, ou les bars et les hôtels dont il a supervisé la décoration. Partout dans son travail on retrouve ce foisonnement végétal, un peu comme Gustav Klimt qui fait émerger ses personnages d’un décor onirique, doré comme une icône, comme sur Le Baiser par exemple. J’aime aussi William Bouguereau, qu’on a souvent qualifié de pompier, mais je trouve magnifique sa peinture des Oréades 40 nymphes qui s’envolent toutes en même temps. Chez tous ces artistes, dont on peut penser qu’ils en font trop, je trouve une certaine séduction, et j’éprouve une grande satisfaction quand je regarde leurs œuvres. »

« Dali disait qu’il était drogué sans la drogue. Je me suis souvent demandé si Bukowski aurait été un meilleur écrivain sans l’alcool, ou si Dantec aurait écrit Les Racines du mal sans le LSD. Les Racines du mal m’a été offert par mon meilleur ami, il y a une bonne vingtaine d'années. C’est lui qui m’a fait me diriger vers le polar. Avant, parce que j’étais flic, du polar je n’en lisais pas, et je n’en regardais pas beaucoup non plus. En devenant auteur je m’y suis intéressé un peu plus, ne serait-ce que pour regarder ce que faisaient les autres. Ça a commencé avec des séries devenues des classiques et des objets d’études, comme The Wire par exemple, ou Luther… »

« C’est Idris Elba qui incarne Luther, un personnage que j’aime beaucoup. Je me rappelle du premier épisode de la saison 1 au début duquel on le voit commencer sa journée avec le rituel de la douche et du café. Puis il enfile sa redingote, et avant de partir il tente sa chance à la roulette Russe. Et puisqu'il n’a pas perdu, il finit son café et part au boulot. Quand j’ai vu ça je me suis dit ouah, on en est là dans le polar aujourd’hui ! »

« Chez Fred Vargas, avec le commissaire Adamsberg, comme chez Andrea Camilleri avec Montalbano, c’est leur personnages que j’aime. Avec eux, on ne lit pas des histoires, on suit une écriture et des personnages. Vargas n’est pas flic, elle ne va donc pas s’étendre sur les procédures ni s’embarrasser de justification. Dans L’Homme à l’envers, Adamsberg arrive au 36 Quai des orfèvres, il lit le journal et tombe sur un article qui dit que, dans les Cévennes, un loup a tué des moutons. Il dit alors à son adjoint, Danglard, je pars dans les Cévennes, il va y avoir des meurtres. On n’a pas besoin de plus, et c’est ça qui est génial. Camillieri est, lui, moins intéressé par les scènes de crime que de savoir ce que la femme de ménage de Montalbano - qui cuisine divinement - a laissé dans le frigo. Je vous rappelle que je suis aveyronnais et qu’on ne plaisante pas avec la cuisine ! » 

« Autant vous dire que huit cents pages sur la construction d’une cathédrale, ça me donnerait plutôt envie de fuir en courant. Mais j’ai lu deux fois Les piliers de la Terre, simplement parce que j’aime l’écriture de Ken Follet. C’est aussi simple que ça. » 

« Je n’ai pas écrit Les Guerriers de l’hiver pour écrire un livre d’histoire ou un livre de guerre, mais pour raconter une histoire de fraternité, celle d'un groupe d’amis qui vont se retrouver embringués dans une guerre que personne n’attendait. Je suis tombé amoureux de leur courage et de leur bravoure, de ces soldats de circonstance entourés de leurs meilleurs amis, leurs voisins, frères, cousins, ceux qu’ils aiment, et pour lesquels ils vont se dépasser pendant 113 jours par -50°. C’est ça que j’ai voulu raconter. En fait, Les Guerriers de l’hiver c’est un livre de guerre pacifiste. »