Un matin, le lendemain d’une rupture, Mika découvre sur sa moto un ruban rouge. Puis, le jour suivant, un autre. Puis un autre. Puis des pièces. Encore et encore. Et puis un matin un cadenas. Puis un autre. Et encore… Alors Mika et Déborah décident de monter une garde 24/24h du haut de leur balcon pour découvrir qui se cache derrière cette énigme. Pour se faire aider, elles appellent leur.e.s ami.e.s. S'ensuit une enquête burlesque, un thriller déjanté à la sauce Cluedo dans lequel les fantasmes et projections de chacun·e brouillent les pistes. Et le coupable est…

« Je venais tout juste de terminer la lecture de ce livre quand j’ai rencontré Déborah. L’histoire d’un psychiatre qui décide de laisser les dés guider tous ses choix. Cette lecture m’avait scotchée. Quand j’en ai parlé à Déborah, elle a tout de suite accroché. On a décidé de jouer nous aussi. Écrire des actions sur un bout de papier, lancer les dés, et leur obéir, quoi qu’il arrive. C’était addictif. Plus qu’un jeu, c’était une façon de nous rencontrer, de tester nos limites. On a vite compris qu’on partageait le même délire : le goût de l’absurde, l’adrénaline, l’inventivité. Aller toujours plus loin, voir où ça nous mènerait. Et très vite, ça nous a mené à réaliser nos premiers court-métrages. Je ne sais pas si on aurait osé se lancer à tourner sans filet comme on l’a fait sans L’Homme-dé. » M.T.

« Love est une pièce sur des gens en quête d’amour. Cette pièce m'a permis de rentrer au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. Déborah était là, à chaque étape des répétitions. Elle m’a fait répéter, m’a poussée à réfléchir aux personnages, à trouver le rythme, à être toujours sur le fil. Chaque mot, chaque regard, rien n’était laissé au hasard, tout pour capter la comédie. Aujourd’hui, je comprends mieux ce que ce texte représente dans notre histoire. C’était le début d’une exploration. Cette pièce a ouvert la voie à toutes nos interrogations sur l’amour. Elle a donné le ton à notre relation, marquée par ce questionnement constant sur ce que l’on attend, vit et cherche réellement dans nos vies. » M.T.

« L’histoire d’un faux journaliste venu d’un Kazakhstan imaginaire. Un faux documentaire burlesque qui suit le voyage aux États-Unis de Borat, reporter maladroit et provocateur. Ce film a été un choc. Avec Déborah, on a adoré le concept. Un documenteur qui mélange humour et critique sociale, brouillant sans cesse la frontière entre le réel et la fiction. Ce film nous a obsédé pendant des années. Avec Déborah, on voulait nous aussi explorer cette zone floue entre fiction et réalité. On a cherché longtemps. Puis avec Kings, on a fait nos premiers pas. On a commencé à fictionner des situations dans le réel, à brouiller les pistes. On a passé un cap avec Mika Ex Machina en filmant le réel tel qu’il se présentait. L’écriture s’est faite exclusivement au montage. Aujourd’hui, on prépare un vrai documenteur. Cette forme qui nous habite depuis longtemps. Borat, c’est plus qu’un film pour nous. C’est une rencontre et une quête. Une recherche de plusieurs années. » M.T.

« Peaches, c’est une icône punk féministe, un modèle de liberté. A chaque fois, mes souvenirs les plus fous de concerts. Ses shows, c'est le feu. No limite. La créativité à l’état brut. La liberté totale. S’autoriser à être tout ce qu’on veut être. C’est toujours là que je veux aller. Vers cette liberté qu’elle incarne, qui résonne fort en moi. Faire son art pur, sans compromis, mais malheureusement souvent dans un monde qui te force à rentrer dans un format. Elle, elle s’en fout. Elle ose. Elle dérange. Et c’est magnifique. Peaches, c’est ma musique de survie. » M.T.

« Je suis fan de Rob Zombie et Stephen King, deux maîtres de l’horreur. Et puis, il y a quelques années, je découvre Revenge. Le film d’horreur d’une femme, Coralie Fargeat, féministe, de ma génération, qui propose une mise en scène dingue. Wooow. Quelques années plus tard, elle sort The Substance. Uppercut. J’adore l’horreur, le gore, surtout quand ça flirte avec la comédie. Quand les idées sont poussées à l’extrême, jusqu’au ridicule. Une virtuosité transgressive. Une montée émotionnelle. Toujours à la recherche de cette adrénaline. Avec Coralie Fargeat, tout explose. Elle ose. Elle invente. Ses plans sont radicaux, son montage hors normes, profondément transgressifs. Et j'adore voir ça dans l'art. Cette audace. Ce no limit. » M.T.

« On a découvert ce film dans un festival de film numérique à Lyon au début des années 2000 alors qu'il n'avait toujours pas de distributeur en France. Et on a immédiatement été séduites par le geste de Jonathan Caouette. Le fait qu'il se filme lui-même, avec toutes sortes de caméras, et qu'il filme sa mère et sa maladie mentale depuis qu'il était enfant, pendant des années, puis qu’il fasse lui-même le montage, c'était une révolution. A l'époque, les caméra mini-dv venaient d'apparaître et nous faisions des courts-métrages à l'arrache avec notre bande d'amis. Grâce à notre rencontre avec le producteur Louis Becker, on allait bientôt tourner notre premier long-métrage Foon avec un mini-budget. Mais ce qu'avait fait Jonathan Caouette avec Tarnation, un long-métrage sans scénario, sans acteurs, sans argent, ça nous a fasciné et donné envie de faire la même chose. Nous avons réfléchi dans ce sens pendant des années. Il fallait trouver une histoire qui se prête à être filmée avec une mini-caméra sur le vif. En cinéma direct. Mika ex Machina s'est imposé à nous. Nous ne savions pas où on allait mais Tarnation nous accompagnait. » D.S.

« Agnès Varda a toujours été un modèle. J’ai vu certains de ses films des dizaines de fois. Avec Mika, on a eu la chance de la rencontrer lors d'un déjeuner à Cannes il y a une dizaine d’années. Nous lui avons demandé en combien de temps elle avait écrit Cléo de 5 à 7. Trois semaines. On pensait avoir mal compris. Même question pour Sans Toit Ni Loi. Elle a haussé les épaules et dit en riant que ça avait été encore plus rapide. Quinze jours, peut-être même moins. Mika et moi étions sous le choc. A partir de cette rencontre, on s'est dit qu'il fallait qu'on s'autorise à aller vite. A ne pas forcément tout écrire. Oser improviser. Oser filmer le réel. Pour Mika ex Machina nous avons tourné ce qui nous arrivait sans savoir où on allait et ça nous a permis de faire un film qui aurait été impensable et impossible à financer d’une façon classique dans l’industrie du cinéma. Varda était experte en matière d’inventivité, elle a initié la nouvelle vague en bouleversant les méthodes de tournage dès son premier film. Elle s'inscrit dans la lignée d'Alice Guy, et son fameux « Tournez, mesdames ! ». Ce goût pour la liberté me fait penser aux Glaneurs et la glaneuse. Un bijou de liberté. Drôle, sensible et grave à la fois. » D.S.

« Nous avons adoré le ton, la liberté, la fraîcheur de ce film. C'est un pur film d'auteur de comédie dramatique, avec une intrigue différente de tout ce qu'on a l'habitude de voir. Dans ce film, le personnage écrit et interprété par Greta Gerwig se fait soudain larguer par sa meilleure amie au prétexte qu'elle a rencontré un mec. Elle vit alors un véritable chagrin d'amitié, comme dans un chagrin d'amour, voire pire. Puis progressivement, grâce à d'autres rencontres et à sa fantaisie, elle s'en remet. C'est un film sur la puissance de l'amitié et aussi sur la création et la résilience. Ça nous a fait du bien de voir à quel point l'amitié pouvait être centrale pour certains comme elle l'est pour nous, surtout à un âge auquel la pression sociale et familiale va vers le fait de se caser pour fonder une famille. Depuis 25 ans, Mika et moi sommes dans un mode de vie complètement hors norme puisque nous faisons le choix de continuer de créer et de vivre ensemble. A terme on aimerait aussi tenter l'expérience d'une vie en communauté. L'amitié pour nous, c'est la meilleure façon d'être heureux. » D.S.

« La philosophie de Spinoza a complètement changé mon regard sur le monde et sur moi-même. Les notions de Bien et de Mal, de Bon et de Mauvais, de Joie et de tristesse. Il m'a connectée à la nature des affects et m'a permis de mieux me comprendre. En mettant l'importance de nos émotions et de nos désirs en lumière, il a radicalement transformé l'histoire de la pensée et ouvert la voie à la psychanalyse deux siècles plus tard. C’est un philosophe dont j’aime partager la lecture avec mes proches. Avec Mika, il nous arrive régulièrement de relire des passages de L'Éthique ensemble. En particulier quand ça ne va pas. Et véritablement ça nous remet très vite les idées au clair. Pour moi, Spinoza est une véritable boussole vers la joie. » D.S.

« Cette bande-dessinée rend accessible avec brio une des théories sociologiques de Pierre Bourdieu. On y suit un jeune professeur qui va inciter ses élèves de lycée à observer leurs familles pour tenter de comprendre à quel point leur origine sociale influence leurs goûts. Avec cette bd, j’ai compris à quel point notre rencontre avec Mika, si jeune, avait été déterminante. Nous venons de deux classes sociales très différentes. Depuis qu’on se connait, nos goûts se confrontent et s’enrichissent en permanence. Ils vont de la musique baroque au punk. De la pop culture aux essais intellos. Ensemble on s'autorise les dissonances et les fautes de goût, on s’en amuse et parfois même on adore ça. Ce goût pour la liberté, que je pensais dû à mon caractère, à nos caractères, j'ai compris grâce à ce livre qu'il avait aussi à voir avec les milieux très différents dans lesquels nous avons grandi. J’ai compris que ça nous donnait plus de force et de liberté d’avoir eu des références tellement différentes au départ. » D.S.

« Je me souviens d'avoir vu ce film à côté de Rennes dans un petit cinéma d'art et essais. J'étais avec d'autres adolescents et je me souviens que certains ne savaient pas si ce qu'on avait vu était réel ou pas. Pourtant ça allait beaucoup trop loin pour être vrai puisqu'il y avait des morts en direct. Il s’agit d’une fiction, mettant en scène le tournage d'un documentaire sur un psychopathe. Et le film montre jusqu'où l'équipe est capable d'aller pour finir ce tournage. Rémy Belvaux et sa bande ont réalisé un exploit avec ce film. Le fond permettait à la forme d'être ce qu'elle était. Et vice-versa. Idée brillante. Et aussi la révélation de Benoît Poelvoorde comme acteur. L'improvisation au cœur du processus. C'est un film qui accompagne ma vision de ce qu’on peut faire au cinéma depuis plus de trente ans. Ce qui est drôle, c'est que pour Mika Ex Machina, nous vivons l'inverse de ce que Rémy Belvaux avait mis en place. Lui, il a fait une fiction qui a la forme d'un documentaire, nous on a fait un documentaire qui est pris pour une fiction. Ces ambiguïtés la sont très intéressantes dans ce qu'elles disent de nos perceptions du réel. Ce qu'on trouve plausible ou pas. Ce qu'on trouve moral, immoral. Ce que chacun projette sur notre monde. Sur ce que doit être une histoire, qu'elle soit vraie ou pas. » D.S.