La sélection de Benjamin Dierstein

18 avril 2025

“Je crois plus au travail qu’au talent. J’aime les œuvres sur lesquelles les auteurs ont passé du temps, qu’ils ont fignolées. Sans aucun doute Benjamin Dierstein sait ce que le mot travail veut dire. Auteur d’un premier triptyque de 2000 pages sur la France des années 2011-2013 (disponible en poche chez Points) qui l’a fait repérer comme une des plumes qui compte maintenant dans le roman noir, Benjamin Dierstein s’est remis à l’ouvrage avec une nouvelle trilogie qui couvrira les années de 1978 à 1984, et dont Bleus, Blancs, Rouges est le premier volet. Par ailleurs, et comme si les temps morts angoissaient notre auteur, Benjamin Dierstein est aussi le patron d’un label de techno. Il a tout de même trouvé le temps de répondre à notre invitation pour nous livrer sa sélection.

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En Physique

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En Physique
  • Bleus, Blancs, Rouges

    Benjamin Dierstein - Livre - Flammarion - 2025

    “ Bleus, Blancs, Rouges est un pavé de 800 pages, mené sur un tempo affichant plus de 250 bpm. Une fresque historique et romanesque speedée, trempant dans le crime et la politique avec, aux premières loges, Valery Giscard d’Estaing, Pierre Goldman, Jacques Mesrine et même Alain Delon… C’est aussi le premier volume d’une imposante trilogie qui devrait nous emmener, sur ce rythme d’enfer, jusqu’en 1984. Benjamin Dierstein plonge profondément dans les eaux troubles d’une époque, au fil d’une œuvre impressionnante et formidablement documentée, ponctuée de revues de presse et de retranscriptions de conversations téléphoniques parfois très drôles. Au fil des pages frénétiques de Bleus, Blancs, Rouges, on songe irrésistiblement au James Ellroy d’Underworld USA. L’auteur breton assume d’ailleurs complètement cette influence et la cultive volontiers, sur la forme comme sur le fond. La réussite est totale. On attend désormais la suite.” PB

  • Abracadaboum

    Bérurier Noir - Audio - Archives de la zone mondiale - 1987

    « C’est peut-être l’album le plus foutraque des Béru, celui dans lequel on sent le plus l’amour du cirque et de la déconne. C’est aussi pour moi le plus créatif, à la fois très noir et très coloré, qui mêle humour et violence, un cocktail que j’aime particulièrement, qu’on peut retrouver chez Tarentino par exemple, et que j’utilise aussi dans Bleux, Blancs, Rouges. C’est aussi leur album le plus accessible, celui qui les a rendus populaires au-delà du premier cercle de leurs fans, mais c’est aussi celui qui a annoncé le début de la fin. C’est un vrai plaisir à chaque écoute. »

  • Voir la vidéo

    Sound System

    Spiral Tribe - Audio - Big Life - 1993

    « Spirale Tribe est plus une tribu, un collectif, qu’un vrai groupe. Sur cette compilation sortie en 1993, on retrouve pas mal de classiques de cette époque, cette espèce ce techno galopante, ce mélange de sons typiquement anglais, un vrai style à part entière avec ces voix et ces sons qui partent en orbite. C’est un peu la bande son de la techno vénère, celle qui allait à l’affrontement lors des lancements des free parties et des teknivals. Cette compilation est vraiment représentative de cette période. » 

  • État brut 2

    Dontcha - Audio - MENACE RECORDS - 2009

    « Dontcha, c’est pour moi la quintessence de la génération rap hardcore des années 2000, avec Rohff, Booba… Dontcha c’est le plus dur, le plus amer, le plus triste, mais aussi le moins connu. Cet album est un pur concentré de pessimisme avec des textes très bruts sur lesquels flottent quand même un petit second degré. Et les instrus sont incroyables. »

  • La Horde sauvage

    Sam Peckinpah - Video - Warner Bros. - 1969

    « La Horde sauvage est un western crépusculaire qui transforme le genre en film de guerre. Mais c’est surtout un grand film sur l’amitié. L’amitié du groupe de potes qui sortent ensemble et qui rient plus fort que tout le monde, mais aussi l’amitié déchue, rendue impossible, et qui place, dans ce film, les personnages tenus par Robert Ryan et William Holden, face à face et non plus cote à cote. C’est ce qui me plait tout particulièrement ici, l’amitié de la bande, et celle plus intime de la paire Ryan-Holden. C’est un film super nostalgique. »

  • Voyage au bout de l'enfer

    Michael Cimino - Video - Studiocanal - 1978

    « Voyage au bout de l'enfer est un film qui parle d’amitié, mais qui parle aussi d’amour. C’est un film qui respire le patriotisme désenchanté des perdants. C’est le plus beau film, la plus belle tragédie que j’ai pu voir au cinéma. Un film qui prend le temps de faire ressentir le désespoir qu’il y a au fond de chacun des personnages. Il n’y a pas une minute en trop dans ces trois heures. C’est ce que j’appelle un chef-d’œuvre. » 

  • De Rouille et d'os

    Jacques Audiard - Video - UGC - 2012

    « De Rouille et d’os fait partie de ces films purement physiques. Les acteurs rayonnent, les contacts de leur corps font des étincelles, aussi bien quand ils se battent que quand ils font l’amour. C’est un film puissant qui fait pleurer. A chaque fois que je le revois je prends une baffe. Le recueil de nouvelles de Craig Davidson dont est tiré le scénario est génial. Chaque histoire est superbement bien construite et le montage qu’en a fait Audiard est remarquable. » 

  • Méridien de sang

    Cormac McCarthy, François Hirsch - Livre - Éditions de l’Olivier - 1988

    « C’est certainement le roman le plus noir que j’ai jamais lu. C’est une pure vision de l’enfer qui m’a beaucoup inspiré pour décrire ces mondes plongés dans l’horreur, notamment dans mon roman La cour des mirages (Les Arènes 2022). Et ce style tellement reconnaissable avec tous ces “et” qui se répètent sans cesse, et cette absence de focalisation qui rend la froideur hallucinante. »

  • Le Démon

    Hubert Selby Jr, Marc Gibot - Livre - 10/18 - 1976

    « C’est pour moi le roman le plus abordable de Selby. Le plus abordable, mais aussi mon préféré parce que, quand le côté expérimental des choses l’emporte sur l’histoire, ça m’agace. J’aime tous les romans de Selby, mais je n’aime pas quand les personnages ne font rien, que tu es juste dans leur tête, ce côté Beckett un peu, comme dans La Geôle par exemple. J’ai besoin que les personnages soient en action, c’est là que ça me parle le plus. » 

    Retrouvez cette oeuvre dans d'autres sélections
    Mathieu Lecerf
    Ann Scott, prix Renaudot 2023
  • Trainspotting

    Irvine Welsh, Jean-Pierre Etienne - Livre - Points - 1993

    « J’aime surtout Trainspotting pour son côté formel. Dans ce roman choral, chaque personnage a sa manière de parler. Souvent dans ce genre de roman, on est plus en retrait, l’auteur raconte souvent l’histoire à la troisième personne du singulier. Ici, Welsh s’appuie à fond sur chaque personnage. Ça sent le vécu, les rues crades d’Edimbourg, l’alcool, la came, les années quatre-vingt-dix. Trainspotting fait partie de ces livres qui m’ont fait passer du polar à la littérature blanche. J’ai commencé à lire assez tard, vers treize ans. Avant, ça ne m'intéressait pas, je ne retrouvais pas dans la lecture jeunesse le tragique et la violence que j’avais découvert dans les films ou la BD.  Et un jour, on m’a donné Lune sanglante de James Ellroy… »

  • Pinocchio

    Winshluss - Livre - Les Requins Marteaux - 2012

    « Si je lis moins de BD qu’avant, j’essaie de suivre ce qui se fait. Pinocchio est pour moi un exemple de BD complète, avec des dessins archi travaillés, une mise en page qui se renouvelle à chaque planche, et un humour noir ravageur que j’adore. » 

  • Lune sanglante

    James Ellroy, Freddy Michalski - Livre - Rivages Noir - 1987

    "À douze ans, mon oncle m’a mis entre les mains Lune sanglante de James Ellroy, ça a été pour moi un déclic. J’ai toujours été marqué par Ellroy et tous ses dialogues au couteau. J’ai toujours trouvé cela extrêmement efficace, et à la fois tellement causant et drôle. Il y a un second degré chez Ellroy que j’ai voulu insuffler dans ces dialogues avec leur côté décalé même si ça reste dramatique.”


Bleus, Blancs, Rouges
Benjamin Dierstein

Abracadaboum
Bérurier Noir

Sound System
Spiral Tribe

État brut 2
Dontcha

La Horde sauvage
Sam Peckinpah

Voyage au bout de l'enfer
Michael Cimino

De Rouille et d'os
Jacques Audiard

Méridien de sang
Cormac McCarthy, François Hirsch

Le Démon
Hubert Selby Jr, Marc Gibot

Trainspotting
Irvine Welsh, Jean-Pierre Etienne

Pinocchio
Winshluss

Lune sanglante
James Ellroy, Freddy Michalski

Dans cette sélection

  • Benjamin Dierstein | Bleus, Blancs, Rouges
  • Bérurier Noir | Abracadaboum
  • Spiral Tribe | Sound System
  • Dontcha | État brut 2
  • Sam Peckinpah | La Horde sauvage
  • Michael Cimino | Voyage au bout de l’enfer
  • Jacques Audiard | De Rouille et d’os
  • Cormac McCarthy, François Hirsch | Méridien de sang
  • Hubert Selby Jr, Marc Gibot | Le Démon
  • Irvine Welsh, Jean-Pierre Etienne | Trainspotting
  • Winshluss | Pinocchio
  • James Ellroy, Freddy Michalski | Lune sanglante

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