“Son nouvel opus a beau s’appeler La Vie moderne, elle revient pourtant à ses amours premières : les guitares. Électrique et en bandoulière façon rock comme à ses débuts, acoustique et folk auprès d’un feu de camp imaginaire qu’elle met joliment en scène dans sa prochaine tournée, alanguie et ondulante avec la pedal steel. Un nuancier de cordes qui n’est pas sans évoquer la mélancolie gracieuse d’un Lloyd Cole et de ses dentelles de guitares.” Odile de Plas - Télérama

C’est le film qui m’a donné envie de chanter. A l'époque, je lisais beaucoup de contes. Ces décors, ces costumes, ces couleurs, m’ont enchantée et hypnotisée. Catherine Deneuve est magnifique … Quand on est enfant c’est irrésistible. Et la musique de Michel Legrand ! Tous les Noël j’attendais que Peau d’âne passe à la télé. Idem avec Les Demoiselles de Rochefort, cette comédie musicale qui parle d’amour et dans laquelle chacun cherche son idéal, le grand amour, tout ça me parle. Je suis très sensible au côté esthétique des images, des objets, et là-dessus Jacques Demy est imparable. C’est un film qu’on peut revoir plusieurs fois parce qu’il y a des détails qu’on découvre encore. Et puis ce film procure une joie de vivre, qui remonte le moral. Enfant, j’ai toujours su que je voulais chanter, certainement grâce à ces films. J’avais envie que ma vie soit une comédie musicale. Je disais : « Je veux être chanteuse ». Et je n’ai surpris personne puisque je chante !

Je suis allée voir Une affaire de famille presque par hasard, parce que c’est un film japonais et que je suis fascinée par l’Asie. Dans ce film, tout est dans les liens qui unissent les membres de cette famille qui n’a rien de conventionnel. On y trouve plein d’amour, de la générosité, dans une société pas tendre du tout, qui veut nous faire croire que la réussite matérielle serait l’unique but d’une vie. C’est une histoire du quotidien mais dans un monde parallèle, presque souterrain, qu’on ne voit pas sauf à porter notre regard sur ces gens qui sont d’une humanité qui m’a bouleversée. D’une manière générale, je déteste savoir quoi que ce soit sur les films avant de les voir, je ne regarde jamais les bandes annonces. J’ai été saisie par cette belle découverte.

Ce qu’il y a de touchant dans ce film c’est la complicité entre deux générations. Il y l’adulte qui emmène un enfant qui s’ennuie retrouver sa mère et découvrir la mer par la même occasion. Mais cet adulte est aussi un yakuza vieillissant aux méthodes peu orthodoxes… Je déteste cloisonner les générations tout comme les milieux sociaux. L'Eté de Kikujiro est une belle leçon de partage et d’amitié peu importe l’âge. C’est un road movie à la beauté simple, porté par la musique de Joe Hisaishi qui a beaucoup travaillé avec Kitano. C’est un compositeur dont la musique m’apaise. Ses musiques ont l’air très simples, mais elles ne le sont pas tant que ça. La musique de ce film me réconforte.

Rien ne m’appelait dans cette série, surtout que je déteste les zombies ! Poussée presque malgré moi, je me suis accrochée et je suis devenue accro. En fait, en enchaînant les épisodes, on se rend compte que ce qui est en jeu, ce sont les relations entre les humains. Comment réagit un groupe d’individus quand arrive une catastrophe. On s’aperçoit alors que ce sont les humains qui sont les plus dangereux et cruels, et quand les zombies arrivent on est soulagé !

J’ai lu ce livre en travaillant avec Delphine en 2017. Je connaissais l’incroyable Rien ne s’oppose à la nuit. Jours sans faim est le premier roman de Delphine, elle l’a publié sous le nom de Lou Delvig. C’est un livre important parce que, souvent, on ne comprend pas que l’anorexie est une maladie. C’est une lecture qui m’a enrichie. Le livre raconte ce qui se passe dans la tête d’une anorexique, son rapport aux autres, à la nourriture. Un corps qui se détraque et où, malgré la souffrance, il y a une impression de puissance qui se dégage. C’est très touchant et intéressant. Ce livre m’a inspiré la chanson « Je n’ai rien vu venir » qui a fait partie de notre lecture musicale L’une et L’autre avec Delphine.

C’est un livre de chevet. Ce sont des phrases très courtes, des pensées, un livre qu’on peut ouvrir à n’importe quelle page. On va s’interroger, se poser des questions, avoir aussi envie d’écrire. C’est quelqu’un dont j’aime le travail parce que je suis très sensible aux détails, c’est à travers eux qu’on arrive à mieux connaître les gens. Edouard Levé est dans le détail des situations qu’on peut traverser. En une seule phrase, il balance des choses qui finissent par dessiner son portrait. Si je devais me retrouver sur une île déserte, je l'emporterais avec moi.

Artistiquement, j’aime bien recevoir des chocs. Je suis fan de PJ Harvey depuis ses débuts, mais à la première écoute de cet album j’ai fait un rejet total. Et puis je me suis accrochée et c’est devenu un de mes disques préférés. J’aime cette démarche d’un artiste qui emmène son public vers autre chose. Dans White Chalk on n’est plus du tout dans les guitares, mais au piano, dans un univers très aérien avec cette voix très aiguë. On dirait que c’est son spectre qui chante. Il y a comme l’atmosphère d’une autre époque. Dans une carrière il faut parfois prendre des tournants, et là je trouve que c’est un bel exemple.

C’est un livre que Jeanne a réalisé avec la dessinatrice Petite Luxure. C’est surprenant parce que, si on sait que Jeanne sait écrire, notamment des chansons, ce n’est pas évident de s’attaquer à un thème comme l’érotisme et l’érotisme féminin en particulier. Et je trouve que Jeanne le fait avec style, une plume très tenue qui m’a impressionnée. On rentre dans l’intimité d’une femme et encore une fois, on rentre dans le détail. Là encore, c’est un livre qu’on peut ouvrir à n’importe quelle page.

C’est un roman assez court qui parle de la vieillesse. C’est l’histoire d’une femme de soixante ans qui réalise qu’elle passe une frontière. Elle vit une vie de couple avec enfant, et elle se rend compte qu’il va falloir accepter un passage. Sans douleur, au contraire en s’appuyant sur son passé avec lucidité, sans déni. On va tous passer par là, et comme on ne peut pas tout refuser, il faut donc l’accepter. Ce livre en parle remarquablement.

Fab Caro, c’est ma détente. Si je veux des fous rires, des situations absurdes, j’ouvre n’importe laquelle de ses BD et ça marche. J’ai choisi Figurec, parce que c’est son premier roman, il est moins connu, je l’avais dévoré. Je ne comprends pas qu’il n’ait pas été adapté en film. Pour moi Fab Caro est un génie. Je l’offre souvent.

Mater Earth est l’une des œuvres récentes réalisées par Prune. Le travail de cette plasticienne parle du corps de la femme et de la femme en général. J’ai chanté pour le vernissage de cette magnifique sculpture installée sur les terres du Château Lacoste en Provence. Il s’agit du corps gigantesque d’une femme enceinte, partiellement enfoui dans le sol. Cette création a été réalisée avec des méthodes précises et ancestrales. Toutes les étapes sont retranscrites dans le livre. On peut entrer dans le ventre de la sculpture, il existe aussi un film qui raconte ses années de travail. C’est un hommage à la femme, par une femme et ça me touche particulièrement. Bien évidemment il faut voir Mater Earth en vrai, vous en serez impressionnés et marqués.