De Bamako à Paris, deux amis, Manthia et Toko, vivent la route de l'exil de façon très différente. Ils sont originaires du même village au Mali. À la vingtaine, face à une récolte infructueuse, ils n'ont d'autre choix que de rejoindre la capitale, Bamako. Mais en 1991, les troubles politiques et sociaux les poussent à nouveau à partir. En France cette fois. C'est Manthia qui raconte leurs histoires depuis un centre de rétention administrative. Il se confie à son avocat grâce à un traducteur en espérant obtenir des papiers. Le traducteur l'interrompt souvent. Est-ce qu'il cherche le mot juste ou à le contraindre à un autre discours ? Diadié Dembélé raconte avec force et originalité l'histoire des siens entre la France et le Mali, et une profonde histoire d'amitié.

J’ai découvert cette série, qui se passe à San Francisco, pendant mon adolescence. C’est l’histoire d’un détective, Monk, dont la femme est morte dans une explosion à la bombe, et dont la recherche du coupable devient son leitmotiv. Ses souffrances le rendent encore plus phobique qu’il ne l’est naturellement, mais ce sont ces troubles qui le rendent encore plus habile à résoudre les enquêtes auxquelles il est confronté. Cette série m’a marqué notamment parce qu’elle passait sur la chaîne nationale au Mali, le samedi midi, ce qui signifiait que la semaine d’école était terminée ! 

Comme Monk, c’est à l’époque où j’étais au lycée que j’ai découvert cette série qui tourne autour de quatre personnages différents et complémentaires, réunis autour de la figure du génie excentrique qu’est Sheldon Cooper. J’aimais beaucoup le décalage entre l’image qu’on a habituellement de la science et des scientifiques et celle proposée dans la série. 

J’ai découvert ce film assez récemment, il y a quatre ou cinq ans, grâce à sa diffusion sur TV5 Monde. Ce qui m’a tout de suite séduit c’est l'esthétique du film, notamment les costumes de ces femmes qui formaient comme une sorte de parade que je n’imaginais pas dans un film africain. L’histoire de cette femme, qui revient dans sa ville après avoir disparue pendant des dizaines d’années et qui réapparait précédée par une rumeur qui l’a dit multimillionnaire, en dit long sur le glissement des rapports entre les gens dès que l’argent entre en jeu. 

Borom Sarret, c’est un court métrage dans lequel Ousmane Sembene suit un charretier et son cheval, à Dakar. Un charretier bienveillant et à la fois crédule, au point qu’il ne négocie pas la course avant de charger les clients s’attendant naturellement que les gens le paient pour son travail. Malheureusement, ça n’arrive pas souvent ! C’est un film qui montre aussi le décalage entre la vie de ce charretier et la vie moderne qui se développe dans une ville en pleine transformation, comme Dakar au début des années soixante. C’est aussi un film d’une grande beauté formelle.

Cette histoire des rapports entre un père et son fils m’a beaucoup inspiré. Le père, membre d’une sorte de communauté occulte, décide de tuer son propre fils. On ne comprend pas pourquoi au début, mais alors qu’il court de village en village pour l’attraper, on voit la mère qui cherche à protéger son fils en l’encourageant à fuir. À la fin, le père et le fils vont s’affronter dans une sorte de duel final. Je pense que Souleymane Cissé s’est inspiré de la cosmogonie et de la religion animiste Bambara. On ne comprend qu’à la fin du film qu’en fait, le père a peur que son fils ne prenne sa place, qu’il n'acquière les pouvoirs magiques qu’il détient jalousement. Ces rapports père-fils m’ont beaucoup inspirés pour Deux Grands hommes et demi. Souleymane Cissé, pour Yeelen, a reçu le Prix Spécial du Jury à Cannes en 1987.

Kandia Kouyaté fait partie des chanteurs qui ont atteint le point culminant du chant mystique par la puissance de leur voix et la maîtrise des rythmes. Bien que propulsée par le producteur I. Sylla et son fameux Label SYLLART au rang d'artiste internationale, elle reste quasi inconnue en dehors des lieux de la musique mandingue, au Mali, Guinée, Sénégal, Côte d'Ivoire etc. Pourtant, sa musique reste une source d'inspiration pour de nombreuses générations d'artistes Ouest africains. Héritière d'une longue tradition, elle a su valoriser les chants de son terroir Kita, mais aussi ceux voisins comme Briko (d'où est originaire sa mère) et du Khasso (son premier foyer d'adoption). On lui doit la mise en lumière de magnifiques chants comme Sambayaya, Balan, et bien d'autres qui sont devenus des incontournables des cérémonies traditionnelles. Elle est une voix majeure, indispensable en termes de musique traditionnelle. À (re)découvrir.

C’est un orchestre régional formé dans les années soixante, qui représentait sa région dans des biennales des arts et de la culture. Au départ, leur répertoire est formé des chants guerriers, traditionnels, aussi des chants de mariage qu’ils ont repris en les “jazzifiant” et qui ont fait danser beaucoup de gens dans les années soixante et soixante-dix. Encore aujourd’hui, des jeunes reprennent leurs morceaux et cartonnent avec ! 

C’est un chanteur qui lui aussi a commencé dans un orchestre régional (l’orchestre régional de Kayes) qu’on retrouvait dans biennales dont j’ai parlé plus haut. Dans ses chansons, assez mélancoliques, il porte aussi un regard assez critique sur la société malienne, notamment parce qu’il revendique un mode de vie pas vraiment en phase avec les codes en vigueur ! 

On me raccroche souvent à Ahmadou Kourouma à cause du travail sur la langue qui est, chez lui, vraiment impressionnant, notamment dans cette façon qu’il a de mal utiliser le français, d’accrocher une langue dans l’autre. C’est l’histoire d’un prince qui ne l’est plus au moment des indépendances et d’une république qui naissait. On suit son parcours dans l’ancien royaume de ses aïeux qui a été divisé en deux républiques, et dans lequel il est quasiment réduit à la mendicité. C’est un roman sur la désillusion qu’ont apportée les indépendances. Mais ce qui m’a le plus intéressé c’est le travail sur la langue. La façon qu’il avait d’utiliser le malinké pour l’introduire dans le français m’a, quelque part, donné l’envie de continuer ce travail. 

Ce livre est en quelque sorte un contre-pied à la négritude, en tout cas au règne de Léopold Sédar Senghor pour qui tout était la faute de la colonisation. Avec Le Devoir de violence, Yambo Ouologuem venait donc nuancer le discours. Je me sens proche de sa manière de décortiquer, de questionner l’Histoire, de revenir sur la propre violence de nos sociétés. Il y a eu d’autres conquêtes et d’autres colonialismes bien avant les Français. On aime dire au Mali qu’on est le berceau des grands empires africains mais, que je sache, il n’y a pas de constitution d’empire sans violence, sans guerre ! Accusé de plagiat, Yambo Ouologuem, qui avait reçu le Renaudot pour son roman en 1968, va se retirer dans son village au Mali où il est mort en 2017. C’est Yambo Ouologuem qui a inspiré à Mohamed Mbougar Sarr le personnage de T. C. Elimane dans son roman La Plus Secrète Mémoire des hommes, qu’il lui a dédié, et pour lequel il a reçu le Goncourt en 2021.

C’est un livre sur les femmes de migrants qui attendent. Les épouses, mais aussi les mamans et les sœurs. Dans la littérature on raconte souvent les trajectoires de ceux qui partent, leurs voyages, où ils arrivent… mais celles qui attendent le retour, on n’en parle presque jamais. J’ai beaucoup aimé les portraits que fait Fatou Diome de la maman, de la femme qui a été mariée de force à un migrant, juste le temps qu’il reparte, et qui tombe amoureuse d’un autre. Aussi le changement de la place dans la société de celles dont le mari a réussi… Le livre raconte ces réalités de celles qui attendent et qui sont autant victimes que ceux qui partent.