Après avoir exploré avec le même succès presque tous les genres cinématographiques du suspens (Les Dents de la mer) au drame (La Liste de Schindler), en passant par la science-fiction (E.T.) et les films d’aventure (Les Aventuriers de l’Arche perdue), Steven Spielberg livre cette fois son film le plus personnel en puisant abondamment dans sa propre histoire pour raconter celle du personnage central de The Fabelmans, de sa rencontre décisive avec un train, jusqu’à celle avec John “David Lynch” Ford.

Né et élevé au fin fond de l’Amérique, Steven Spielberg a tout de même été marqué par l'œuvre d’Hergé. Il a donc réalisé l’un de ses rêves en adaptant au cinéma les aventures de Tintin, en s’appuyant plus particulièrement sur les épisodes Le Crabe aux pinces d'or (1941), Le Secret de La Licorne (1943) et Le Trésor de Rackham le Rouge (1944) dont il avait acquis les droits d’adaptation dès 1983. De son vivant, Hergé avait considéré Spielberg comme le meilleur réalisateur possible pour adapter ses œuvres à l'écran. Il est question d’une suite qui serait réalisée par Peter “Le Seigneur des anneaux” Jackson, producteur du premier volet !

Empire du Soleil est inspiré du roman du même nom de J. G. Ballard, roman lui-même basé sur la vie de l'écrivain. C’est l’histoire d’un jeune anglais (Christian Bale dans un de ses tous premiers rôles) que l’invasion de Shanghaï par l’armée japonaise en 1941 va couper de sa famille et lui faire rencontrer deux américains avec lesquels il va être arrêté et mis dans un camp. Ce n’est pas le plus connu des films de Spielberg, mais un des plus intéressants, notamment sur les expériences qui font sortir de l’enfance et qui font grandir. 

Sugarland Express est un road movie qui met en scène un couple de marginaux désireux de récupérer leur enfant dont la garde leur a été enlevée. Ce premier véritable film de cinéma de Spielberg (Duel étant à l’origine un téléfilm) est plus proche de Bonnie and Clyde et d’Easy Rider, œuvres fondatrices du « Nouvel Hollywood », que tous les autres longs métrages du réalisateur. Ce sera également son seul film présenté en compétition à Cannes et l’un de ses rares échecs commerciaux, bientôt suivi par… Les Dents de la mer, un des films les plus rentables du cinéma.

Au centre du premier film de François Truffaut, l’enfance malmenée. C’est l’un des films, avec A Bout de souffle de Jean-Luc Godard, qui signe les débuts de la Nouvelle Vague dont la liberté de ton, de réalisation avec ses tournages en extérieur caméra à l’épaule, de choix des sujets, de l’emploi d’acteurs inconnus vont marquer le cinéma américain et être une des références majeures de ces jeunes réalisateurs que sont Coppola, Cimino, De Palma, Lucas… et Spielberg qui confiera un rôle à Truffaut dans Rencontre du troisième type.

Dès son second film, fameuse histoire de la chasse au requin géant qui terrorise une station balnéaire, Spielberg casse la baraque... et les espoirs de beaucoup de révolutionner le système hollywoodien. Jaws, qui est à l’époque le plus grand succès de l’histoire du cinéma (et encore aujourd’hui l’un des films les plus rentables de tous les temps), marque effectivement le début de la fin du « Nouvel Hollywood », dont un des pionniers, Peter Bogdanovitch, déclarera : « Les Dents de la mer a signé l’arrêt de mort des films artistiques, à petits budgets. Ils ont tout simplement oublié comment les faire. Cela ne les a d’ailleurs plus intéressés »...

Dans les années soixante, les studios hollywoodiens alors en perte de souffle se font bousculer par une bande de jeunes turcs qui, inspirés par le cinéma européen et la nouvelle vague en particulier, vont créer ce qu’on appellera le nouvel hollywood. Puis, avec le succès des Dents de la mer et de Star Wars, les studios vont reprendre la main et partir à la chasse aux films rentables, voire juteux. C’est cette histoire de reprise en main que raconte Peter Biskind, le même qui avait raconté l’éclosion de la période rêvée précédente. Une enquête qui brosse le portrait d'un monde cruel et shakespearien dans lequel tous les coups, même les plus bas, sont permis. Un vrai roman.

J.J. Abrams est le réalisateur auquel on pense en premier quand il s’agit de trouver un fils spirituel à Spielberg. Tout jeune il avait une passion pour le cinéma, notamment pour Star Wars de George Lucas, et bien entendu les films de Steven Spielberg. Son amour pour la science-fiction et des films d’horreur viennent aussi d’un scénario écrit par son maître en cinéma; Poltergeist. Comme Spielberg, c’est par la télévision qu’il s'est fait connaître en créant les séries Alias, et Lost, Les Disparus. Fort de ces succès, J.J. Abrams réalise, pour le grand écran, Mission impossible 3 en 2006, Star Trek en 2009, et Super 8 en 2011. Depuis, il a réalisé les deux derniers épisodes de la série Star Wars. Pas mal non ?

Bernard Herrmann (1911-1975), dont l’œuvre musicale est intiment liée aux chefs d’œuvres d’Alfred Hitchcock (le compositeur signera les BO de tous ces plus grands films), était un grand admirateur de Richard Wagner, comme en témoigne en 1958 la partition de Sueurs froides et de ses scènes de phobie (« écoutez » le spectaculaire final !). Spielberg lui rendra hommage dans Les Dents de la mer, notamment en utilisant le travelling compensé (la caméra recule sur un rail pendant un rapide zoom avant) dans un plan de plage angoissant, un processus saisissant inventé par le réalisateur anglais pour la scène de vertige de Sueurs froides.

Dans un monde futuriste, où la fonte des glaces a englouti la majorité des terres habitables et provoqué famine et exode, les robots assurent désormais la plupart des tâches domestiques. Pourtant, un scientifique veut aller plus loin et créer le premier androïde sensible : un enfant capable de développer un large éventail d'émotions et de souvenirs. Troisième volet du triptyque extraterrestre, après Rencontres du troisième type et E.T., A.I. a parfois été décrit comme le dernier film de « Kubrick » tant l’hommage de Spielberg au maître était appuyé. Kubrick avait d’ailleurs envisagé de se livrer lui-même à cette adaptation de la nouvelle de Brian Aldiss, Supertoys Last All Summer Long, avant de renoncer.

Roman d’aventure épique et philosophique, Moby Dick est reconnu comme l’un des chefs-d’œuvre de la littérature mondiale. Cette histoire d’une chasse à la baleine géante dépasse le simple récit d’aventures marines pour prendre une dimension mythique où l’homme (le capitaine Achab), obsédé par sa proie, sombre dans une sorte de folie obsessionnelle qui s’apparente à une quête mystique. Spielberg a souvent avoué s’être inspiré de ce livre pour Les Dents de la mer, une œuvre qui dépasse elle aussi le simple film à suspense pour se transformer, dans toute sa seconde moitié, en une aventure humaine proche de la fable philosophique.

​​Au cours d'une carrière qui court sur près de soixante ans et plus d’une centaine de longs métrages, John Williams, né en 1932, a composé, dans un style grandiose, symphonique, un grand nombre des plus célèbres musiques de films ; celle de Star Wars, des Dents de la mer, d’E.T. l'extra-terrestre, Indiana Jones, Jurassic Park, La Liste de Schindler, et les trois premiers films de la saga Harry Potter. Steven Spielberg dit de lui que John Williams est la colonne vertébrale de ses films. On peut le croire puisque Spielberg lui a confié l’écriture de la musique de dix-neuf films de ses films, dont celle de The Fabelmans.