Stephen King est un des auteurs qui m’a profondément marqué dans ma jeunesse. Il m’a terrorisé, apeuré, il a une capacité incroyable à convoquer la peur. Trente ans après l’avoir lu pour la première fois, j’en ai encore des images gravées en tête. C’est le signe des grands auteurs. Misery, c’est le roman parfait du huis-clos, de l’enfermement. C’est également un roman sur la création puisqu’un des deux personnages de cette histoire est un écrivain contraint d’écrire sous la menace de sa fan numéro 1. Il y a donc cette réflexion sur la création des personnages qu’on fait vivre à travers nos romans. L’adaptation au cinéma (Rob Reiner (1990) avec James Caan et Kathy Bates) était particulièrement réussie. 

Pour boucler la trilogie commencée avec Le manuscrit inachevé et Il était deux fois, Franck Thilliez convoque, non pas une héroïne, mais six, dont une amnésique ! Spécialiste des numéros d’équilibriste, Franck Thilliez retombe sur ses pieds, mieux, il nous réceptionne tout en délicatesse alors que la tête nous tourne encore.

C’est l’histoire d’une étudiante en communication qui prépare une thèse sur la violence audiovisuelle et qui, au cours de ses recherches, tombe sur un snuff movie (ces films dont la victime est censée ne pas être un acteur mais une personne véritablement tuée ou torturée). Tesis est un des premiers films du genre, précédant 8 Millimètres de Joel Schumacher sorti en 1999 avec Nicolas Cage, film que j’adore aussi. Tesis aborde la place de la violence dans le cinéma mais aussi, et plus généralement, dans l’art. C’est le film de la transgression, qui permet au spectateur de regarder par le trou de la serrure dans les couches les plus profondes et sombres de la société, et sur l’attraction qu’exerce la violence la plus extrême.

Je ne choisis pas entre le livre et le film, l’adaptation de Martin Scorsese étant pour moi une des meilleures adaptations d’un roman au cinéma. Quand on écrit des thrillers, Shutter Island c’est un peu le modèle. Tout y est. L’originalité, la profondeur des personnages et de l’histoire, et cette fin incroyable. Et puis cette ambiance est aussi un vrai personnage de l'histoire. C’est un point extrêmement important pour moi. Ici, le brouillard, la pluie, cet hôpital psychiatrique marquent profondément le lecteur et le spectateur.

C’est LE grand classique de David Fincher, autre réalisateur très important pour moi. C’est un film fondateur qui m’a fasciné pour son côté sombre, son tueur en série, et pourquoi des gens sont capables d’accomplir des actes aussi horribles. C’est un film sur la question du bien et du mal, avec cette fin terrible qui va à l’encontre des usages à Hollywood et ses fins optimistes. L’esthétique du film m’a beaucoup marqué aussi. C’est un film fondateur dans mon parcours d’écrivain.

Sorti il y a vingt-cinq ans, ce film n’a pas pris une ride. Il sortirait aujourd’hui, il serait tout aussi moderne et d’actualité. Les thèmes abordés comme l’ADN, la commercialisation de tests permettant la sélection génétique d’êtres humains, tous ces sujets m’ont profondément marqué. Comme la compétition entre les deux personnages principaux, compétition qui va virer à l'entraide, les rapports humains dans cet univers très froid renforcé par la dominante bleue des images. En hommage, j’ai écrit un roman qui s’appelle Gataca (2011) - avec un seul T - et c’est comme ça que je me suis aperçu que GATTACA sont les initiales des constituants de l’ADN : guanine, adénine, thymine, cytosine. Comme quoi, Niccol Andrew, le réalisateur, avait pensé à tout !

Christopher Nolan est un de mes réalisateurs favoris, et Memento est un film culte que j’ai vu et revu un grand nombre de fois. Premièrement parce que les thèmes qu’y aborde Nolan - la mémoire et l’amnésie - sont des sujets qui me passionnent et qui nourrissent beaucoup de mes livres, mais également parce que c’est une prouesse scénaristique incroyable puisque dès les premières images on suit une balle qui remonte dans le canon du pistolet vers le chargeur et tout le film est monté de manière anti-chronologique. Du point de vue de la construction, c'est remarquable. Je le revois une fois par an comme spectateur, mais aussi comme scénariste pour comprendre et le décrypter à chaque fois.

Ken Grimwood est un auteur américain peu connu en France. Replay, c’est l’histoire d’un homme qui vit de dix-huit et quarante-quatre ans et qui meurt d’une crise cardiaque… mais qui va se réveiller à l’âge de dix-huit ans, dans sa chambre d’étudiant, et qui va recommencer à vivre jusqu’à quarante-quatre ans avant de mourir, et de se réveiller à dix-huit ans, dans sa chambre d’étudiant, et qui va… C’est un roman d’aventure, de suspens, d’amour, et c’est une réflexion sur la deuxième chance, sur le destin, sur la question de savoir si la vie des autres est plus intéressante que la nôtre, sur la possibilité d’agir sur l’histoire (il connaît le futur puisqu’il l’a déjà vécu !). Pour moi qui suis fan des histoires de paradoxes temporels, de destins, ce roman est un petit bijou à découvrir.

C’est le genre de livre que j’aurais aimé écrire, que j’aurais aimé savoir écrire. Moi qui ai besoin qu’il se passe toujours quelque chose, d’actions, de rebondissements permanents, là il s’agit de la quête de deux êtres, un père et son fils, qui cherchent à gagner la mer dans un univers ravagé, post apocalyptique. Le style est si puissant que Cormac McCarthy est capable d’accrocher le lecteur rien qu’avec les émotions des personnages. Il faut dire que les relations de ce père et son jeune fils sont d’une réelle beauté. C’est aussi une réflexion sur le genre humain, qu’est-ce qu’on ferait dans un monde quand on n’a plus rien, sur l’instinct de survie qu’on n’a plus rien à part l’amour pour les gens qui sont autour de nous. 

J’aurais pu tout prendre de Steinbeck qui est un auteur que j’adore. C’est un roman court que je recommande souvent aux élèves que je rencontre dans les lycées ou collèges et qui me disent qu’ils n’aiment pas lire. C’est toute la force incroyable de ce livre, de cette écriture simple, de cette qualité des dialogues. On ne rentre pas dans la tête de ces deux personnages et pourtant on va au plus profond des êtres humains. Il y a une belle leçon de vie, des émotions, ce rapport entre les deux personnages qui ne demandent qu’à vivre tranquillement et qui vont être confrontés au jugement terrible des hommes. Quand on lit Des souris et des hommes on est secoué par toutes ces émotions. 

“The Sound of Silence” est une chanson que j’adore, notamment parce que les deux premiers vers disent : Hello darkness my old friend, I've come to talk with you again - (Bonjour l'obscurité ma vieille amie, Je suis venu te parler à nouveau), et qu’à chaque fois que j’attaque un nouveau livre je frappe à la porte de l’obscurité. Toc toc, c’est l’heure d’y retourner, qu’est-ce que tu as à me proposer ? La version de Disturbed - un groupe de metal américain - est incroyable de puissance, notamment grâce à la voix du chanteur David Draiman qui renforce le côté tragique de la chanson dont le thème - People talking without speaking, People hearing without listening - colle tellement à notre époque.

J’ai eu la chance de voir ce tableau de Monet au musée de l’Ermitage à Saint Petersbourg et j’ai été submergé par l’émotion. Il y avait un banc face au tableau et j’aurais pu rester là des heures ! Le mouvement des impressionnistes est un courant de peinture qui donne de la vie à la nature, qui rend les tableaux vivants, qui joue avec nos sens, et qui nous rappelle qu’on vit dans une belle nature dont on doit absolument prendre soin.