“ Le roman d’aventures est devenu une denrée trop rare, c’est la première pensée qui nous vient en refermant cette incroyable épopée qu’est le premier livre de Yan Lespoux. Cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas été secouée ainsi, roulée dans les vagues, mouillée d’embruns, terrifiée par la houle et les navires ennemis. Si vous avez vu et aimé Master and Commander : de l’autre côté du monde, ce formidable film de Peter Weir, avec Russell Crowe, (...) alors vous adorerez Pour mourir, le Monde, un titre tiré d’une citation de l’écrivain portugais Antonio Vieira (1608-1697) : « Un lopin de terre pour naître ; la Terre entière pour mourir. Pour naître, le Portugal ; pour mourir, le Monde… » “  Libération 

C’est un groupe punk de Chicago, du punk mélodique américain. Ils ont commencé très jeunes avec des chansons un peu bête genre “on est bourrés et on vomit”, mais maintenant leurs morceaux deviennent potentiellement des romans, des histoires avec des ambiances très particulières, qu’on retrouve notamment sur le morceau “Dead’s Man Coat” que j’écoutais beaucoup pendant que je travaillais sur mon livre. Un vers de cette chanson m’a particulièrement marqué : “Wrapped in a dead’s man coat / The future slips through my hands” (Engoncé dans le manteau d’un homme mort / L’avenir me glisse entre les doigts). Je l’ai donc reprise pour la glisser dans le roman !

Les Codefendants, c’est une sorte de super groupe ; l’association de Sam King, le chanteur de Get Dead, un groupe de punk rugueux de San Francisco, le rappeur Ceschi Ramos également producteur sur son label Fake Four, et Fat Mike de NOFX. Cet album, sorti l’an dernier, je l’ai écouté en boucle pendant des mois, et encore aujourd’hui je ne m’en lasse pas. C’est un mélange de rap et de punk, une fusion ultra originale accompagnée de clips soignés, très cinéma. Et sur scène… c’est complètement dingue.

C’est l’histoire de Onofre Bouvila, un jeune catalan, à la fin du 19e siècle, qui quitte sa campagne pour essayer de trouver du travail à Barcelone. Très vite, il va se retrouver embauché par des anarchistes pour aller distribuer des tracts aux ouvriers qui travaillent sur le chantier de l’exposition universelle de 1888. S’il n’est pas complètement convaincu par l’anarchisme, il découvre qu’il a du bagou, et il en profite pour vendre aux ouvriers toutes sortes de choses, comme des médicaments qu’il dit avoir volés. Puis il commence à voler pour de bon dans les entrepôts et à vendre la marchandise via un réseau de voleurs qu’il a constitué. On va donc assister à l’ascension de Onofre Bouvila qui, après avoir gravi tous les échelons et corrompu les autorités comme les notables, va devenir lui-même un grand bourgeois. A travers son histoire, c’est en fait l’histoire de Barcelone que nous raconte Eduardo Mendoza, avec une érudition et un souffle incroyable. 

Tous les romans de Tim Dorsey, qui est malheureusement mort l’année dernière, mettent en scène le personnage de Serge A. Storms, grand paranoïaque, schizophrène, obsessionnel compulsif… et fan de l’histoire de la Floride. En plus, ce personnage a une fâcheuse tendance à tuer tous ceux qui ne lui plaisent pas, surtout s’ils ont dit ou fait quelque chose qui pourrait nuire, d’une manière ou d’une autre, à la Floride. Les romans de Dorsey forment un vrai petit catalogue des multiples façons de tuer les gens, toutes plus originales les unes que les autres. Et c'est avec un sens de l’humour, et un savoir faire exceptionnel, que Dorsey fabrique des histoires alambiquées mais qui retombent toujours sur leurs pattes. J’ai dû offrir Florida Roadkill un million de fois !

Ce livre est une des origines de mon roman. Dans ce récit, Francisco Manuel de Melo raconte, des années plus tard, ce naufrage de 1627, lui qui était embarqué sur le bateau du capitaine de la flotte. C’est en lisant ce témoignage que je me suis dit qu’il y avait un roman à écrire. 

C’est un film que j’ai vu beaucoup, beaucoup de fois. Ce que j’aime dans le personnage de Ray Liotta, c’est la manière dont il voit la mafia comme un truc formidable où tu as tous les droits, un monde où tout le monde est cool. Mais ce que montre Scorsese, c’est une bande d’abrutis psychopathes, et que tous ceux qui rentrent dans ce monde vont se faire cramer d’une manière ou d’une autre, qu’ils finiront par perdre tout ce qu’ils croient gagner, y compris la vie. Ce contrepoint entre le supercool et la réalité qui les voit tous s’effondrer est purement génial.

C’est une histoire d'une bande de potes qui, pendant les années quatre-vingt-dix, au milieu de la guerre entre catholiques et protestants, essaient de mener leur vie au rythme des amours, des bitures et des petits trafics. C’est une écriture pleine d’humour, d’ironie douce. Ce livre me fascine, et régulièrement je le prends pour en lire des passages au hasard. Je peux tomber sur n’importe quelle page, c’est toujours un plaisir. 

Dans les rues du Barrio, c’est l’autobiographie de Piri Thomas qui a grandi dans le Spanish Harlem de New York, petit porto-ricain trop black pour les uns pas assez pour les autres. C’est donc son parcours de gosse des années de l'après-guerre qui va tomber dans la délinquance, la dope, les braquages miteux, un enchaînement qui le mènera derrière les barreaux pour de longues années. A travers son histoire, c’est aussi un portrait de Harlem et du New York de cette époque, et plus largement de la société américaine marquée par cette séparation culturelle entre le nord et le sud que Piri Thomas découvrit en travaillant dans la marine marchande.

Régulièrement, en fonction de mes humeurs, je reprends un épisode d’une des cinq saisons de la série, et je ne m’en lasse jamais. Cette idée de faire le portrait d’une ville, et au-delà d’une société, en s’appuyant sur des personnages différents et sur des trames différentes elles aussi - des flics et le trafic de stup, des dockers et la fin de l’activité portuaire qui tenait la ville, du journalisme, des profs et l’effondrement de l’école public - c’est un tour de force exceptionnel. Pour moi, The Wire, c’est la série ultime.

Peso Pluma, c’est un jeune chanteur mexicain avec une coupe de cheveux horrible et une voix de canard, mais c’est la figure de proue des “corridos tumbados”. Les corridos, ce sont ces morceaux chantés en l’honneur de quelqu’un. Le grand truc il y a quelques temps, c’était les narco corridos. En reprenant à la fois la musique tradi des narcos - cuivres et accordéon en tête - tout en y injectant du rap, du reggaeton... des types comme Peso Pluma en font quelque chose de très étrange, et je me suis complètement laissé embarquer. Peso Pluma est devenu une énorme star, considéré comme celui qui révolutionne la musique mexicaine, même s’il est interdit de concert par les cartels dans certaines villes du Mexique et que le gouvernement voudrait interdire ce genre musical…

C’est l’adaptation d’un fait historique, un peu romancé, l’histoire du commodore Anson chargé par le Roi d'Angleterre, en 1740, de réunir huit navires pour aller attaquer les colonies espagnoles du Chili et du Pérou. Anson s’aperçoit très vite qu’il manque de marins, il est donc obligé d'en “recruter” dans les prisons et dans les hôpitaux ! Et bien sûr tout dérape. Ils partent avec du retard, arrivent à la mauvaise saison pour passer le Cap Horn avec des vents contraires… bref, rien ne va. Et c’est là qu’ils perdent le Wager, qui fait partie de cette flotte. Histoire de bateaux, de batailles navales… en un mot d’aventure ! Une super adaptation en BD.